Souffle cardiaque chez le chiot

Votre nouveau chiot vient tout juste de subir son premier examen de santé chez votre vétérinaire et ce dernier a détecté un souffle cardiaque à l’auscultation. Quelle en est la signification?
Avant de répondre à cette question, il est important de savoir ce qu’est un souffle cardiaque. Il s’agit, si on peut le décrire ainsi, d’un écho que l’on entend en même temps ou suite au bruit saccadé produit par la fermeture des valves lors du battement cardiaque. L’écho en question est produit par la turbulence du sang. En temps normal, le flot de sang est linéaire, c’est-à-dire qu’il se déplace en ligne droite, toujours dans la même direction.
Dans certaines circonstances, la linéarité du flot sanguin est perturbée et ce dernier est alors projeté dans plusieurs directions. Par exemple, en présence d’anémie où il y a moins de globules rouges dans le sang, ce dernier est plus clair et a donc tendance à être turbulent. À l’opposé, lors d’une déshydratation importante, le sang est plus épais et par conséquent, circule moins bien dans les vaisseaux sanguins ce qui va causer encore une fois de la turbulence.
Un autre exemple est lorsqu’il y a une valve cardiaque qui n’est pas étanche. Dans ce cas, le sang sera propulsé à travers la valve défectueuse dans le compartiment précédent ce qui causera encore une fois de la turbulence. Le même phénomène s’applique lorsqu’il y a une malformation dans le cœur ou encore lorsque le muscle cardiaque ne se contracte pas normalement.
Il est aussi possible d’entendre un souffle cardiaque qui n’est associé à aucune anomalie. On parle alors de souffle physiologique ou bénin. Celui-ci est très fréquent chez les chiens en croissance. Lorsque le souffle est associé à une anomalie cardiaque fonctionnelle ou de structure, on parle de souffle pathologique.

Les souffles cardiaques sont gradés de I à VI. Chaque grade représente l’intensité du souffle. Le grade I est associé à un souffle de très faible intensité, entendu à un endroit seulement. Plus le grade monte, plus le souffle est facilement audible partout où on entend le cœur.
Lors d’un souffle de grade VI, ce dernier est audible même avec le stéthoscope retiré de la paroi thoracique. Il est toutefois très important de savoir que l’intensité du souffle n’est pas associée à la sévérité de la lésion. En effet, un chien atteint d’un problème cardiaque très grave peut avoir un souffle de grade I/VI tandis qu’un chien avec un souffle de grade VI/VI peut avoir une lésion mineure.
L’échelle de gradation est utile pour permettre, dans certains cas, de différencier entre les souffles physiologiques qui sont toujours d’intensité inférieure à IV/VI et les souffles pathologiques qui peuvent être de n’importe quelle intensité. Les vétérinaires se servent également de l’échelle de gradation pour communiquer entre eux d’une façon systématique à propos d’un cas et aussi pour suivre l’évolution de l’intensité d’un souffle dans le temps.
Lorsqu’un souffle est ausculté chez un chien de 6 mois ou moins, il est important d’essayer de déterminer s’il s’agit d’un souffle bénin ou pathologique puisque pour ce groupe d’âge, un souffle représente la première manifestation de la plupart des anomalies cardiaques congénitales. Leur dépistage en bas âge peut permettre de corriger cette malformation et ainsi offrir une espérance de vie normale tandis que la même lésion, si elle n’est pas détectée, peut entraîner l’insuffisance cardiaque et le décès prématuré du chien.
En ce qui concerne les anomalies qui ne peuvent être corrigées et dont le pronostic est réservé à pauvre, le dépistage immédiat peut permettre au propriétaire du chien de comprendre qu’un problème grave existe au lieu de le découvrir en catastrophe au moment d’une éventuelle décompensation cardiaque.
Il existe des différences entre les souffles physiologiques et pathologiques qui nous permettent parfois de les distinguer mais il existe aussi une large zone grise entre les deux catégories, ce qui fait souvent que la cause du souffle n’est pas claire. L’approche diagnostique peut alors se faire de deux manières : soit une évaluation complète incluant l’échographie ou encore une réévaluation par auscultation au maximum 3 semaines plus tard. Si le souffle disparaît à ce moment, il est probable que la cause soit physiologique. Il n’est alors pas nécessaire de pousser l’investigation. Par contre, si le souffle persiste, il est fortement conseillé d’effectuer une évaluation complète.